65 ans
De soixante cinq années de vie ils me restent mes yeux bleus, inestimable cadeau d’un vieil ancêtre, ils me sont très précieux, ils me donnent l’impression d’une éternelle jeunesse qui bien-sûr n’est plus là. Le reste de moi s’est abîmé comme il se doit chaque année, amenant son lot de rides et de cicatrices, tout est un peu plus fragile et fonctionne plus doucement, la mémoire un peu moins au rendez-vous parfois, mais je m’en fiche je suis toujours aussi curieuse… apprendre… comprendre… grandir et encore grandir… jusqu’au bout, tout le temps !
Ça c’est pour le corps et l’esprit mais il y a mon cœur aussi… il est toujours aussi élastique… son envie d’aimer est toujours intacte… de donner démesurément… de vibrer intensément… de partager immensément. Mais pour être tout à fait honnête, il est cabossé… et pour être encore plus honnête je dois dire que ce sont les hommes qui l’ont cabossé, pourtant je les aime tant, mes frères, mes fils, mes amis, mes amants. Vous le savez je n’ai ni mère, ni sœurs, ni filles, ma vie s’est construite sans femmes entourée d’hommes. Je crois les connaître par cœur, les deviner et pourtant ils ont cabossé mon cœur, pas mes fils, pas mes frères pas mes amis mais mes amants, mes amants qui m’ont fait tant vibrée.
Je suis une grande défenseure des hommes, je pensais tout pouvoir leur pardonner, leurs maladresses, leurs paroles blessantes, leurs infinies faiblesses, leur égo surdimensionné, à une époque je me demandais s’ils ne le faisaient pas exprès, ça m’aidait à en sourire, à ne pas y prêter attention mais je ne crois pas, c’est tellement plus profond que ça, il y a quelque chose en eux d’un besoin de pouvoir, de performance, de compétition, abyssal… flancher c’est compliqué… aujourd’hui je ne sais plus s’il faut en rire ou en pleurer mais je suis un peu agacée.
Je rêve maintenant d’un « homme déconstruit ». Avant je détestais cette expression si laide et manquant sûrement de virilité, mais plus que jamais elle me parle, je connais quelques hommes déconstruits, ils acceptent leur féminité et surtout leurs manquements, leurs dysfonctionnements, c’est inestimable et tellement touchant.
Alors bien-sûr je ne cesserai jamais de vous aimer… vous avez été toute ma vie. J’ai eu un petit passage à vide ces derniers temps une envie de dire « ils sont tous les mêmes », mais je sais ce n’est pas vrai vous êtes tous uniques.
Ensemble déconstruisons-nous et nous ferons de très grandes choses encore plus belles que ce que nous avons fait jusqu’à aujourd’hui… ensemble hommes et femmes… juste pour que nos cœurs soient moins cabossés.
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