Bien-sûr il y a ce microbe…
Bien-sûr il y a ce microbe qui sévit et qui nous contraint un peu plus chaque jour, il y a la Californie qui brûle et l’économie qui se débat. C’est vrai, je le concède et c’est très grave. Mais il y a pire encore, il y a l’inconcevable, l’inqualifiable, il y a ce professeur d’histoire décapité pour avoir fait son travail, avoir expliqué à ses élèves l’importance de la liberté d’expression. Décapité ! Je ne trouve pas de mots pour exprimer l’effroi tout au fond de moi.
Peut-être que je ne comprends pas tout de la religion ! Sûrement… Mais tuer pour un dessin aussi laid soit-il, aussi scandaleux soit-il ce n’est pas de la religion je crois ? Il me semblait que religion avait à voir avec amour, compassion. Bon !… Peut-être que je me trompe !… Que je ne sais pas !
En tout cas il y a quelque chose que je sais : je sais que tuer est un crime et je sais que dessiner n’est pas un crime.
Pour vous donner un peu de légèreté en cette période sombre et lourde je vais vous parler de l’importance de rêvasser.
Parce-que c’est d’actualité et que comprendre c’est mieux, je vais aborder le thème de l’intolérance.
Il y aura, bien-sûr, les indispensables conseils de Xavier pour un novembre en santé.
Et très important une lettre pour la jeunesse en qui je porte un espoir sans limite.
Bonne lecture.
Lettre adressée à la jeunesse de Fatima Daas
J’aurais aimé écrire cette lettre, elle dit tout de ce que je pense de la jeunesse.
« A la jeunesse j’écris cette lettre qui n’est pas un manifeste, j’écris à la jeunesse à la marge, à la jeunesse qui a faim, à la jeunesse isolée, en deuil, risée, ensauvagée, en colère, enragée, impatiente, révoltée :
Chère jeunesse, aujourd’hui je n’ai pas de conseils ni de solution à te donner, je viens sans ordre, sans exigence, sans injonction, sans assignation.
Jeunesse, je te vois libre et plurielle, je t’imagine multiple, ambigüe, pas lisse, pas malléable, inatteignable, complexe.
Tu m’intrigues jeunesse, tu es forte en douceur, mystérieuse, atypique, rebelle.
Tu es belle quand tu hurles fort dans la nuit, quand tu danses jusqu’à pas d’heure,
Tu es belle quand tu es inadaptée, quand tu te sens à côté, en dehors,
Tu es belle quand tu es bizarre, quand on te dit que tu es folle, hystérique, anormale.
Je t’aime jeunesse maladroite,
Je t’aime quand tu n’arrives pas à parler, quand tu dérapes, quand tu cries à la liberté, quand tu t’indignes, quand tu rassembles, quand tu marches sans destination, quand tu fais preuve de sororité, quand tu interviens devant l’injustice, quand tu refuses de critiquer ton adelphe.
Tu es belle quand tu ne ressembles à rien, quand tu te réinventes, quand tu brûles les normes, quand tu détruis ce qui te détruit, quand tu portes les vêtements que tu veux ou n’en porte pas, quand tu ne laisses personne te réduire, te faire renoncer ou t’exclure.
Tu es belle quand tu déranges, quand tu questionnes, ou quand tu démanges.
A la jeunesse j’écris merci, à la jeunesse je dis courage. »
Fatima Daas
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