Sans premières fois nous n’existerions pas et rien ne nous serait jamais arrivé.

Les premières fois ont un goût unique, nous les redoutons autant que nous les espérons.

Nos vies sont faites de premières fois :

Le premier mot tendre de notre maman,

Notre premier jour à la crèche et cette référente qui n’a pas la voix de maman,

Nos premiers pas et nos premiers bleus,

Notre premier cartable et cet idiot qui tire sur nos nattes,

Ce petit garçon beau comme un cœur dans la cour de récré qui ne daigne même pas jouer aux billes avec vous,

Votre premier prof de maths modernes qui ne comprend pas que vous ne comprenez pas ces ensembles, intersections et vecteurs en tout genre,

Votre première colle tellement cool que vous décidez d’être dissipé à vie,

Votre premier baiser qui vous a envoyé au ciel tellement votre cœur s’est emballé,

Votre premier examen, la trouille au ventre,

Votre premier entretien d’embauche et toutes ces questions auxquelles vous n’aviez pas pensé…

Un important premier rendez-vous à une adresse inconnue, tellement important que vous arrivez une heure en avance et que vous vous faites tremper comme une soupe, vous n’aviez pas calculé que la pluie aussi était conviée…

Ces innombrables premières fois structureront votre habilité à faire, votre confiance en vous dans certains domaines, votre optimisme ou votre pessimisme selon les sujets.

Quelqu’un détestera les maths ou restera éternellement interrogatif devant l’accord du participe passé avec le verbe avoir à cause d’un professeur malveillant.

Un autre appréhendera un rapprochement sexuel à cause d’une panne ou d’un premier vécu d’irrespect.

Un autre relativisera les épreuves orales pour avoir été interrogé par des personnes humaines et indulgentes.

Toutes ces premières fois qui nous libèrent ou qui nous tétanisent sont majoritairement vécues avec une intensité démesurée.

Nous avons tous en mémoire des premières fois désastreuses où un trou de souris nous aurait été précieux, cette envie de retourner en arrière de refaire l’histoire, d’avoir le droit à un deuxième essai avec surtout le désir d’effacer totalement le premier scénario.

Mais il y a des deuxièmes et des troisièmes fois qui rattrapent tout.

Honnêtement j’ai eu certaines premières fois pitoyables, mon premier amour notamment… franchement regrettable ! ça ne m’a pas empêché d’avoir ensuite de magnifiques histoires d’amour.

Mon premier jour (toujours délicat) dans la dernière société américaine dans laquelle j’ai travaillé m’a glacée, j’ai immédiatement compris que la mission qu’ils avaient si bien emballée pour me recruter était un rêve qu’ils avaient que je ne pourrais jamais concrétiser malgré le salaire indécent et le merveilleux accueil qu’ils me faisaient… je ne suis malheureusement pas une magicienne !… j’ai pris la poudre d’escampette et décidé de m’installer à plein temps comme psy, fonction qui me nourrit et me comble chaque jour.

Il y a eu aussi la première fois à vélo… je suis tombée… j’ai pesté, littéralement engueulé le vélo, je l’ai couvert de coups de pied… quelques semaines plus tard je pédalais à toute vitesse joyeuse et insouciante.

J’ai acquis l’intime conviction que nous sommes trop exigeants avec nos premières fois. Nous les voudrions toutes réussies alors qu’elles ne sont qu’entraînement.

Ne vous laissez pas impressionner par vos premières fois, qu’elles ne vous fassent jamais reculer devant une deuxième fois, soyez indulgent avec vous-même, on se fout de la performance, on se fout de ces gens qui se moquent, qui ne comprennent rien… c’est bien de se tromper, d’être maladroit, c’est comme ça qu’on apprend.

Vous êtes unique

Vos premières fois sont uniques et c’est très bien.