Tu as changé !
Cette phrase si souvent entendue dans les couples à bout de souffle.
Le reproche assassin !
Comme si vous n’étiez plus vous-même, comme si vous étiez devenu quelqu’un d’autre, vous ne savez pas trop.
Bah oui j’ai changé, j’ai grandi, j’ai vécu, j’ai essayé, j’ai morflé, je me suis raté, j’ai réfléchi, j’ai évolué… j’ai changé évidemment.
Pour être honnête avec vous c’est une phrase qui me laisse sans voix.
Heureusement que j’ai changé, je n’avais ni envie de rester un bébé gaga de papa maman si tant est que j’aie pu être gaga de mon père, ni une ado mal dans sa peau indifférente à papa et maman eux-mêmes indifférents à ma souffrance, ni une jeune adulte pleine d’illusions naïves, ni une adulte pleine de certitudes comme si elle avait tout vécu… on a jamais tout vécu… ni être la personne que j’étais hier… et de tout mon cœur j’espère que je j’évolue un peu chaque jour… et tant pis si on ne me reconnait pas parce que je veux apprendre ce que je ne sais pas, lire ce que je n’ai pas lu, m’étonner de la jeunesse et de leurs nouveaux codes, comprendre que l’amour n’est pas éternel, que ce qui était vrai hier ne l’ai plus aujourd’hui, je veux grandir et me révolter… tout sauf être comme hier. Je n’ai pas envie de vivre dans les meubles de mon adolescence dans les vêtements de mes 20 ans, et oui mes goûts changent, mes envies changent et donc mes comportements.
Je crois que changer c’est avoir de l’ambition !
Je me souviens avoir étouffé dans une relation, j’avais une trentaine d’années, je n’ai pas trop vu au début, mais cet homme m’a enfermée dans une routine à mourir d’ennui, la télévision trônait au milieu du salon, et télé 7 jours sur la table basse, nos vacances étaient programmées un an à l’avance, ma carrière caracolait, il paniquait à chaque fois qu’on me proposait une évolution de poste : trop de déplacements, réunions plus tardives, comment faire pour la garde de notre enfant (il était à 17h30 à la maison tous les soirs, ça ne posait pas trop de problèmes… mais allez savoir… son train-train allait être bouleversé !).
Je n’en pouvais plus du train-train, de la télé au milieu du salon, des vacances sans surprise, je voulais ma carrière qui caracole sans reproche. Un jour j’ai craqué… il m’a dit « tu as changé » !
Mais non ! j’évoluais, j’en avais envie et je trouvais des solutions, j’avais envie que mon petit garçon comprenne que le travail ça peut être source d’intérêt et d’épanouissement, que plutôt que de regarder la télé on pouvait faire une partie de petits chevaux et que c’était bien plus rigolo ou on pouvait lire une histoire et apprendre qu’il y a des lapins des champs et des lapins des villes… je voulais qu’il ait un modèle de parents aimants, curieux et conquérants.
En bref je n’avais pas vraiment le sentiment d’avoir changé juste d’avancer.
Mais qu’y a-t-il derrière ce reproche : « tu as changé ! ».
Pour celui qui le dit :
De la peur tout simplement,
– de perdre,
– de ne pas être aimé,
– de voir l’autre s’épanouir sans lui,
Et le besoin pour se protéger de ses peurs :
– de maîtriser,
– de posséder,
– de culpabiliser
Ca dénote :
Pour celui qui le dit :
– un besoin de contrôle, une peur de l’avenir, surtout ne rien changer pour avoir le sentiment de maitriser, figer la relation, ne pas sortir du connu, mais ce n’est pas possible, la vie c’est du mouvement, de l’imprévu, des opportunités et vivre c’est bouger, surprendre, saisir les opportunités, accepter de prendre des risques…
Pour celui qui le reçoit :
– de l’incompréhension parce que la personne n’a pas l’impression d’avoir changé, elle avance simplement dans sa vie. Décider d’arrêter de fumer, avoir l’ambition d’un travail plus intéressant, faire du sport, se cultiver, comprendre le monde, s’adapter, s’enrichir de rencontres, être un parent inspirant, avoir une vie qui bouge… n’est-ce pas juste construire une vie, apprendre de chaque nouveau jour. Alors oui c’est vrai ça peut remettre en question ses besoins, ses aspirations, ses envies, ses choix…
En revanche on peut comprendre que ce soit déstabilisant pour l’autre de voir sa compagne ou son compagnon changer, il est alors nécessaire de communiquer, le questionner sur ce qui l’inquiète et expliquer cette nécessité d’une vie qui bouge. Laissez le temps de l’adaptation mais surtout ne cessez pas de changer, c’est vital !
Bien sûr il y a aussi le « tu as changé ! » positif, admiratif et c’est parfait !
Vous êtes unique !
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