Les secrets de famille
Il y a des événements qui sont tellement lourds dans les familles qu’ils deviennent indicibles. Ils véhiculent la honte, l’impensable, la culpabilité. Nous n’en sommes pas responsables mais ils sont tellement lourds qu’ils imposent le silence.
Ils sont multiples : père collabo, inceste, enfant né d’une relation extra-conjugale, suicide, viol…
Ils ont en commun d’être traumatisants, et s’ils ne sont pas dits par la parole, ils sont dits par la gêne, l’évitement, le silence, le changement de sujet, et inévitablement ils sont ressentis par nos enfants. En réalité ils suintent ! Ils suintent l’inconfort, l’inquiétude, le malaise…
Et on constate qu’il est porté de génération en génération par le corps, la maladie, le manque d’estime de soi, les cauchemars, l’échec… Et une histoire fausse, forcément, se construit autour de ce secret, parce-que quand il y a du vide il faut le remplir.
Si on refuse de révéler le secret pour le bien de son enfant on a tort, et nous le savons tous il me semble.
En réalité, un secret de famille n’est jamais vraiment un secret et quand il est révélé il est rarement une surprise parce-que le doute est là depuis toujours.
Savoir soulage, parce-qu’on n’a plus besoin d’inventer les pires scénarios. On ne se sent plus responsable. La honte et la culpabilité disparaissent. À défaut de pardonner, on comprend. Tout s’éclaire et c’est beaucoup. Dire soulage également, ce n’est pas simple d’être dépositaire d’un secret, c’est un peu comme vivre traqué.
Alors comment dire ?
– D’abord, avant de le révéler à ses enfants ou toute personne qui souffre de ce silence, s’entraîner :
le dire à une ou des personnes de confiance : un ami sûr non jugeant, un thérapeute ou pourquoi pas au détour d’une rencontre, de quelqu’un qu’on ne reverra jamais mais la magie du moment fait qu’on sait que l’on peut se confier et que l’on sera écouté. Vous verrez instinctivement, vous saurez à qui le dire pour la première fois, enfin ! Et ainsi constater que ça peut-être entendu sans jugement.
– Le révéler à qui doit l’entendre en présence d’une tierce personne neutre, un thérapeute est bien-sûr une bonne solution mais ça peut-être quelqu’un d’autre, suivez votre instinct.
– Au moment de la révélation, dites à la personne qu’elle pourra poser toutes les questions qu’elle souhaite et que vous y répondrez avec toute votre sincérité.
N’hésitez pas à consulter un thérapeute pour mieux comprendre le pourquoi de ce secret, pour comprendre les difficultés de vie, les blocages qu’il engendre auprès de vos proches, faites ce chemin puis lancez-vous.
Et n’oubliez pas que révéler un secret c’est rétablir la confiance.
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