Nos cicatrices invisibles
Aujourd’hui une photo, juste une photo, rien qu’une photo, seulement une photo et une douleur dans ma poitrine et tout remonte : la souffrance, la violence, l’impuissance, la colère…
Ça ne vous est jamais arrivé ? un mot, une photo et d’un seul coup votre cœur se vrille, votre gorge peine à respirer, ça vous fait mal, vous pourriez en pleurer, avoir envie de vous sauver. Vous aimeriez avoir oublié, mais non c’est toujours là bien caché, vous pensiez avoir tourné la page ou fait table rase, pas du tout !
Il y a les cicatrices bien visibles, les points de suture que vous ne pouvez cacher, mais surtout, surtout il y ces cicatrices invisibles, nos ratés, nos hontes, nos humiliations, elles sont là bien cachées sous nos muscles, nos os, notre peau. On a mis des couches et des couches dessus, tout fait pour oublier, pour faire comme si, on s’est persuadé que ça n’avait plus d’importance, qu’on avait fait la paix avec ça, qu’on avait repris notre route. Mais rien du tout… au détour d’une conversation, à l’évocation d’un sujet voilà que ça ressort violemment sans prévenir et que ça fait mal, ça fait mal là dans la poitrine, dans le cœur, dans la gorge.
Qu’elles sont sournoises ces cicatrices invisibles ! Quand elles se rappellent à nous, nous ne pouvez rien maîtriser, juste nous avons mal.
Incroyable cette mémoire gravée dans notre corps, incroyable ce quelque chose dans notre corps qui prend le dessus sur tout, sur notre volonté, sur notre contrôle.
Que dire ? elles nous fragilisent ? elles nous renforcent ? ni l’un ni l’autre je crois, je ne crois pas non plus qu’elles nous fassent grandir, juste elles nous rendent plus humbles… plus compréhensifs peut-être… plus tolérants sûrement.
En tout cas je suis persuadée que nous devons en prendre soin et les comprendre, pour qu’elles ne soient pas trop douloureuses, qu’elles n’aient pas envie de se réveiller, qu’elles ne suppurent pas, qu’elles aient envie de nous laisser en paix.
Et avoir un endroit où les décortiquer, où tenter de les comprendre, où les cracher, où les relativiser, où les pleurer, ou d’abord les chuchoter puis les hurler, un endroit d’écoute, d’accueil où la sécurité et la confidentialité sont de mises est infiniment réconfortant, réparateur et cicatrisant !
Prenez soin de vous, vous le méritez !
0 commentaires