Dépression
Ce vide toujours en moi, parfois il se fait tout petit et se fait presque oublier, parfois il est là dès que j’ouvre l’œil et il fait tellement mal… je me demande souvent comment du vide peut être aussi douloureux.
Il est là depuis toute petite, à tort ou à raison, j’ai toujours eu l’impression non pas que je n’étais pas importante mais que j’étais moins importante. Je n’étais pas désirée, pas attendue mais surtout j’étais une fille ! qu’avais-je de différent d’un garçon, je ne comprenais pas ? ce petit quelque chose ? ça impliquait des droits différents ? des comportements différents ?? la mise au second plan ???
Et il y a eu ce manque de bras, de câlins, de je t’aime, se taire, obéir.
Petite je crois surtout que j’étais révoltée par l’incompréhension et puis, l’adolescence arrivant, à la révolte s’est ajoutée la souffrance et le vide s’est installé et ne m’a jamais quitté.
Je souffrais à n’avoir envie de rien, même me laver était au-dessus de mes forces. On me disait secoue-toi, oui mais comment quand toute énergie vous a quittée. Je n’en pouvais plus de prendre sur moi. Et je me sentais tellement seule.
J’ai compris que pour avoir de l’énergie il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Que pour ne pas se sentir seule il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Que pour qu’il n’y ait pas ce vide qui fait si mal, il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Je ne sais pas si ça suffit mais c’est la base, l’indispensable.
Et puis les premières amours sont arrivées, j’ai senti qu’être aimée me faisait du bien, tellement de bien, soudainement je volais comme si le vide se remplissait d’un air tellement léger que je volais. Et allez savoir pourquoi ça se vidait à nouveau, pas que je n’étais plus aimée mais je n’y croyais pas, je ne croyais pas qu’on puisse m’aimer, comment pouvait-on aimer une si petite chose pleine de vide, le vide ce n’est pas intéressant.
Comment intégrer que l’on est digne d’amour quand on ne s’est pas sentie aimée petite, aimée juste pour ce qu’on n’est, pas pour ce qu’on voudrait qu’on soit !
Beaucoup d’hommes m’ont offert leur amour, je sais qu’ils ont fait tout ce qu’ils ont pu, je m’excuse de tout mon cœur pour le mal que je leur ai fait, mais je n’y arrivais pas, toujours le vide revenait, toujours le vide se réinstallait.
Heureusement il y a eu la psychothérapie, des années et des années de psychothérapie, j’ai reconstruit maladroitement une estime de moi, j’ai fait, j’ai osé… J’ai fini par cesser de chercher de l’amour chez les hommes pour qu’ils remplissent ce vide, j’ai compris que je leur confiais une mission impossible. J’ai décidé de remplir le vide toute seule, de m’aimer bancale ! Ce n’est pas parfait mais je crois que bon an mal an ça fait quelques années que j’ai pris le dessus sur la dépression sans le besoin d’être soutenue. J’ai compris qu’il fallait avant tout que je m’aime Moi, imparfaite ! Je crois qu’un homme peut maintenant entrer dans ma vie pour de bon !
Alors je vous en prie, merveilleux patients, aimez-vous, vous êtes uniques, vous êtes formidables je vous le dis souvent et croyez-moi je ne me trompe pas !
Ce que j’ai à vous dire
« On soignera jamais la dépression mais dis-toi que tu pourras compter sur moi le temps que ça dure »
Orelsan, jour meilleur
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