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Dépression

4 Fév 2022 | Article

Ce vide toujours en moi, parfois il se fait tout petit et se fait presque oublier, parfois il est là dès que j’ouvre l’œil et il fait tellement mal… je me demande souvent comment du vide peut être aussi douloureux.

Il est là depuis toute petite, à tort ou à raison, j’ai toujours eu l’impression non pas que je n’étais pas importante mais que j’étais moins importante. Je n’étais pas désirée, pas attendue mais surtout j’étais une fille ! qu’avais-je de différent d’un garçon, je ne comprenais pas ? ce petit quelque chose ? ça impliquait des droits différents ? des comportements différents ?? la mise au second plan ???

Et il y a eu ce manque de bras, de câlins, de je t’aime, se taire, obéir.

Petite je crois surtout que j’étais révoltée par l’incompréhension et puis, l’adolescence arrivant, à la révolte s’est ajoutée la souffrance et le vide s’est installé et ne m’a jamais quitté.

Je souffrais à n’avoir envie de rien, même me laver était au-dessus de mes forces. On me disait secoue-toi, oui mais comment quand toute énergie vous a quittée. Je n’en pouvais plus de prendre sur moi. Et je me sentais tellement seule.

J’ai compris que pour avoir de l’énergie il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Que pour ne pas se sentir seule il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Que pour qu’il n’y ait pas ce vide qui fait si mal, il faut avoir été aimée, inconditionnellement. Je ne sais pas si ça suffit mais c’est la base, l’indispensable.

Et puis les premières amours sont arrivées, j’ai senti qu’être aimée me faisait du bien, tellement de bien, soudainement je volais comme si le vide se remplissait d’un air tellement léger que je volais. Et allez savoir pourquoi ça se vidait à nouveau, pas que je n’étais plus aimée mais je n’y croyais pas, je ne croyais pas qu’on puisse m’aimer, comment pouvait-on aimer une si petite chose pleine de vide, le vide ce n’est pas intéressant.

Comment intégrer que l’on est digne d’amour quand on ne s’est pas sentie aimée petite, aimée juste pour ce qu’on n’est, pas pour ce qu’on voudrait qu’on soit !

Beaucoup d’hommes m’ont offert leur amour, je sais qu’ils ont fait tout ce qu’ils ont pu, je m’excuse de tout mon cœur pour le mal que je leur ai fait, mais je n’y arrivais pas, toujours le vide revenait, toujours le vide se réinstallait.

Heureusement il y a eu la psychothérapie, des années et des années de psychothérapie, j’ai reconstruit maladroitement une estime de moi, j’ai fait, j’ai osé… J’ai fini par cesser de chercher de l’amour chez les hommes pour qu’ils remplissent ce vide, j’ai compris que je leur confiais une mission impossible. J’ai décidé de remplir le vide toute seule, de m’aimer bancale ! Ce n’est pas parfait mais je crois que bon an mal an ça fait quelques années que j’ai pris le dessus sur la dépression sans le besoin d’être soutenue. J’ai compris qu’il fallait avant tout que je m’aime Moi, imparfaite ! Je crois qu’un homme peut maintenant entrer dans ma vie pour de bon !

Alors je vous en prie, merveilleux patients, aimez-vous, vous êtes uniques, vous êtes formidables je vous le dis souvent et croyez-moi je ne me trompe pas !

19 janvier, un matin dans ma tête

Ce matin, en chemin pour mon cabinet, j’entends les oiseaux chanter ! déjà ? il fait bien froid pourtant ! un avant-goût du printemps ? Un présage annonciateur d’un départ vers le lointain de ce virus qui occupe le monde entier en babillage et papotage, en mesures et démesure ?… Si seulement c’était vrai !… qu’il parte et ne revienne jamais… qu’on se recentre sur le vraie vie… parce que moi j’en ai perdu mon latin, pas que je ne sache pas qui croire, il n’y a qu’un son de cloche ! celui de la peur ! J’aimerais tellement avoir un avis éclairé. Bref, j’ai un peu baissé les bras sur cette histoire et je ne suis pas fière de moi !

Ce matin, j’ai souri. Dans la rue j’ai croisé un grand jeune homme masqué avec une cigarette à la main, l’image était drôle, finalement le virus a peut-être ça de bon, il pourrait devenir une nouvelle méthode pour arrêter de fumer !!! Fumer ou porter le masque, il faut choisir !!!

Ce matin, très tôt, bien avant son réveil, je suis allée embrasser Aurélie qui s’était installée à la maison pour quelques jours, je lui ai dit : « au-revoir, je t’aime, reviens vite ».

Ce matin en remettant en place mes idées avant de sortir du lit, j’étais en colère en pensant à tous ses amis que je ne vois plus depuis 2 ans… interdit, dangereux… vraiment ?

Ce matin, en ouvrant l’œil je pensais en souriant à ma soirée de la veille, ce diner improvisé avec Anne-Laure remontée comme un coucou mais drôle et touchante, et Aurélie douce et bavarde plus craquante que jamais…

Ce matin, au réveil comme toujours mon cerveau se met en action… je lui ai rien demandé pourtant ! petit check : le vide est là… c’est bien moi !… pas changé d’identité pendant la nuit !!! Tour d’horizon des patients que je vais recevoir, serai-je à la hauteur de l’angoissé qu’il faut amener à lâcher prise, de l’endeuillé qu’il faut entourer, du largué qu’il faut consoler, du burnouté qu’il faut déculpabiliser, du déprimé qu’il faut soutenir, de l’esseulé qui a perdu ses repères… Parce-que vous n’êtes pas ça, vous n’êtes pas un endeuillé, un largué, un burnouté ou un déprimé vous êtes bien plus, des êtres humains avec une histoire et un cœur qui devez avancer avec vos peurs et vos blessures, tous uniques !… j’aimerais tellement avoir toutes les clefs.

Je suis au cabinet, les consultations vont commencer dans quelques minutes, je vais faire de mon mieux, écouter mon cœur et mes ressentis pour mieux vous écouter et vous soutenir.

Ce que j’ai à vous dire

« On soignera jamais la dépression mais dis-toi que tu pourras compter sur moi le temps que ça dure »

Orelsan, jour meilleur

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